Afin de lutter contre le réchauffement climatique, la Banque de France a décidé d’aligner ses portefeuilles non liés à la politique monétaire basée sur un objectif de réchauffement limité à 1,5°C contre 2°C plus tôt. Ainsi, la banque centrale se voit donc contrainte de renforcer ses programmes d’exclusion des émetteurs « bruns », et de poursuivre son initiative de stress tests climatiques.
La Banque de France, pionnière dans la lutte contre le réchauffement climatique
En ce qui concerne la lutte contre le réchauffement climatique, la Banque de France s’est toujours accordée un rôle de pionnier. En effet, que ce soit lors de la création du Network of Central Banks and Supervisors for Greening the Financial System (NGFS), soit le réseau des banques centrales et des superviseurs pour le verdissement de la finance dont elle assure le secrétariat permanent, ou encore dans l’application de certaines règles d’investissement vertueuses concernant la gestion des portefeuilles.
Cette année encore, la Banque de France est arrivée en tête des banques centrales du G20 dans le classement « Green Central Banking » mis en place par une vingtaine d’organisations non gouvernementales. De plus, la Banque de France est la première à atteindre la note B- dans ce classement, une victoire pour la directrice générale de la stabilité financière et des opérations, Emmanuelle Assouan.
Un objectif ambitieux
Cette belle note encourage la banque centrale à poursuivre ses efforts. Et cela commence notamment par des investissements non liés à la politique monétaire, soit ses portefeuilles de fonds propres et ceux qui couvrent les engagements de retraite, pour un montant total de 22 milliards d’euros. De plus, l’institution s’est fixé un objectif ambitieux qui est d’aligner les actifs détenus sur une trajectoire compatible avec une limitation du réchauffement climatique à 1,5°C (objectif fixé par l’accord de Paris) contre 2°C précédemment. Tout cela, dès 2023 pour les fonds propres et dès 2025 pour les fonds de retraite.
Alexandre Gautier, secrétaire général adjoint de la banque centrale, a expliqué que leur stratégie peut être résumée en trois mots : inclure, exclure et agir. En termes d'inclusion, la banque centrale a investi 1,5 milliard d'euros dans des obligations vertes et a alloué une enveloppe de 450 millions pour des fonds de transition. Alexandre Gautier a également mentionné que cette année, ils ont ajouté des fonds à vocation sociale ainsi qu'un fonds dédié à la biodiversité.
La politique d’exclusion des énergies fossiles
La politique de désinvestissement des énergies fossiles a été renforcée par la Banque de France. En effet, l'année dernière, elle avait annoncé son retrait total du charbon d'ici 2024 et avait décidé de ne plus investir dans des entreprises dont le pétrole représentait au moins 10% du chiffre d'affaires et le gaz 50%. Maintenant, elle exclura également les entreprises qui développent de nouveaux projets d'extraction d'énergies fossiles d'ici à 2024, ce qui a été salué par l'ONG Reclaim Finance dans un communiqué.
La Banque de France se considère comme un actionnaire actif, participant au vote lors de 90 % des quelque 450 assemblées générales auxquelles elle peut participer. Elle a voté contre des résolutions dans 31 % des cas, notamment celles qui favorisent les rachats d'actions plutôt que les investissements, celles qui n'indiquent pas suffisamment les rémunérations sur les actions climatiques et celles qui posent des problèmes de parité.
Les stress tests climatiques de la Banque de France
La Banque de France poursuivra cette année ses stress tests climatiques, menés en collaboration avec l'Autorité de Contrôle Prudentiel et de Résolution (ACPR), dans le cadre de ses missions. Ces tests visent à vérifier la capacité des établissements financiers à faire face aux risques liés à la transition énergétique ainsi qu'aux effets du changement climatique, qui représentent des enjeux majeurs pour la stabilité financière.
En tant que membre de l'Eurosystème, la Banque de France participe également aux travaux visant à intégrer les enjeux climatiques à la politique monétaire. Suite aux nouvelles règles applicables à la politique d'achat d'actifs, les 20 banques centrales nationales et la Banque centrale européenne travaillent actuellement sur les garanties de prêts. L'objectif est de limiter la part des émetteurs "bruns" dans les titres acceptés en tant que garanties de prêts accordés aux banques par la BCE à partir de 2024.