La France est plongée dans une crise économique difficile, notamment à cause de la guerre en Ukraine et de l’inflation. Mais ce n’est pas la seule ! En effet, la BCE (Banque Centrale Européenne) a dû puiser dans les réserves qu’elle s’est constituée depuis des années, pour compenser une perte potentielle de 1,6 milliard d’euros en 2022. Cela est notamment dû à sa propre politique de hausse des taux.
Profit nul pour la BCE en 2022
Pour la première fois depuis plus de 15 ans, la Banque Centrale Européenne (BCE) ne pourra pas distribuer de dividendes aux banques centrales nationales de l’Eurosystème. En effet, celle-ci a affiché un profit nul pour l’année 2022, mais ce n’est pas tout ! Elle aurait également dû enregistrer une perte de l’ordre de 1,6 milliard d’euros. Toutefois, elle a pu l’éviter grâce à ses réserves de sécurité qu’elle s’est constituée au fil des années pour garder un certain équilibre.
Il s’agit là d’une situation extrêmement rare (les dernières pertes de l’institution de Francfort remontent à 2004), qui est une conséquence directe des politiques de hausse de taux directeurs mis en place par les banques centrales de part et d’autre de l’Atlantique. En effet, en relevant son taux de dépôt (de -0,5% en juillet à 2% en décembre et à 2,5% actuellement) pour lutter contre l’inflation, la Banque Centrale Européenne a ainsi augmenté les rémunérations qu’elle verse aux banques, qui placent en elle une grande partie de leurs liquidités. Cela s’est traduit par une charge de 2,1 milliards d’euros l’année dernière.
L’apparition d’une dépréciation
Le resserrement monétaire mis en place par la Réserve Fédérale Américaine a également touché, par effet de ricochet, les comptes de la BCE. En effet, la hausse des taux directeurs a entraîné une augmentation des rendements des obligations d’État américaines que la BCE détient dans ses portefeuilles. Ainsi, quand le rendement d’une obligation monte, sa valeur baisse.
Par ailleurs, l’institution de Francfort a dû enregistrer une dépréciation comptable de la valeur de ces actifs libellés en dollars. Cette règle s’applique aussi aux obligations en euros détenues en fonds propres. La perte de valeur sur l’ensemble de ces titres s’élève à 1,84 milliards d’euros. Par ailleurs, les obligations détenues dans le cadre de la politique monétaire y ont échappé, ces dernières n’étant pas comptabilisées en valeur de marché puisqu’elles sont destinées jusqu’à maturité.
En ce qui concerne les profits, les produits d’intérêts nets ont atteint 900 millions d’euros, contre 1,57 milliard en 2021. Les frais alors perçus au titre de la « supervision des institutions financières » ont eux augmenté en 2022, passant ainsi de 578 millions à 594 millions d’euros.
La BCE doit puiser dans ses réserves
Après une dernière aspiration dans ses réserves, la Banque Centrale Européenne ne se laisse pas abattre. En effet, celle-ci a profité de très importants bénéfices enregistrés au cours des années précédentes afin de se constituer des coussins de sécurité significatifs. « La banque centrale dispose encore de 6,6 milliards d’euros de provisions, de 8,9 milliards d’euros de capital et de 36,1 milliards d’euros sur un compte de réévaluation destiné à couvrir les pertes de marché », souligne Carsten Brzeski. De quoi, entre autres, éponger une autre année difficile. Du côté de la banque centrale, on cherche à minimiser les potentielles conséquences des pertes, tout en soulignant que la BCE pourrait opérer avec un capital négatif, bien que cette situation ne soit pas d’actualité.
En ce qui concerne les banques centrales nationales, la pilule aura certainement un peu plus de mal à passer. En effet, depuis 2018, elles se partagent près de 6 milliards d’euros de dividendes chaque année. Un montant qu’elles reversent majoritairement à leurs Trésors respectifs. Privées de ces dividendes, certaines devraient même afficher des pertes. Le président de la Banque des Pays-Bas, Klass Knot, avait évoqué 9 milliards de pertes potentielles d’ici à 2027 en fin d’année dernière pour la banque centrale qu’il dirige.
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