Ce jeudi, la Banque Centrale Européenne (BCE) devrait relever ses taux directeurs de 50 points de base. Par ailleurs, cette nouvelle orientation politique monétaire va faire l’objet de débats intenses au sein du Conseil des gouverneurs. Par ailleurs, ses membres vont pouvoir disposer de nouvelles projections économiques, pour envisager un avenir monétaire plus certain.
Le relèvement des taux directeurs par la BCE
Ce jeudi, se tiendra une réunion à Francfort qui promet des rebondissements. Bien que l’enjeu ne porte pas sur la nécessité d’un nouveau tour de vis, ni sur son ampleur, les débats promettent d’être animés. La Banque Centrale Européenne (BCE) devrait (à priori) relever ses taux directeurs de 50 points de base, comme l’a laissé entendre à plusieurs reprise Christine Lagarde, sa présidente.
Toutefois, il faudra tout de même s’attendre à certaines discussions sur la direction future de la politique monétaire de la BCE. Au début du mois de février, l’hypothèse d’un ralentissement du rythme de resserrement avait été mise en avant. Cependant, l’accélération de l’inflation (hors prix de l’alimentation et de l’énergie) a changé la donne. Elle s’est établie à 5,6% contre 5,3% en janvier, symbole que les effets de la crise énergétique se transmettent à l’économie réelle. De quoi nourrir les espoirs de ceux qui misaient sur une modération des prochains tours de vis. De ce fait, les investisseurs s’attendent donc à une nouvelle série de relèvements de taux significatifs.
Un conflit ouvert et animé
Comme annoncé, les débats quant à cette politique monétaire sont très animés. C’est notamment le cas entre Ignazio Visco, gouverneur de la Banque d’Italie, et l’Autrichien Robert Holzmann. Visco a déclaré qu’il n’appréciait pas les déclarations sur les hausses futures et prolongées des taux d’intérêt, par rapport à l’Autrichien qui appelait de ses vœux une hausse de 50 points de base à chacune des quatre prochaines réunions de la BCE. Ces affirmations, couplées à un discours intense de la Fed, ont fait remonter significativement les prévisions qui portent sur le taux de dépôt, certains économistes le voyant à 4% en juillet contre 2,5% actuellement.
Même si le rapport de force pèse encore d’un côté de la balance, les choses pourraient bien changer. La BCE a rappelé qu’elle prendrait dorénavant certaines décisions, « réunion par réunion », tout en observant au mieux l’évolution des prix. Toutefois, la réunion de ce jeudi sera également l’occasion pour les membres du Conseil des gouverneurs de prendre connaissance des nouvelles projections des experts de la Banque Centrale Européenne. Selon ING, les estimations d’inflation pour 2024 et 2025 devraient être un peu plus basses que celles annoncées et publiées au mois de décembre. Les anticipations d’inflation des consommateurs en zone euro sont également en légère baisse.
Le dégonflement du bilan
En plus de tout ça, un autre élément va également entrer en jeu. En effet, la BCE a démarré ce mois-ci le processus de dégonflement de son portefeuille obligataire (QT), qui avoisine environ les 5 000 milliards d’euros. Ainsi, elle va laisser s’éteindre, sans réinvestir les sommes provenant de leur remboursement, pour 15 milliards d’euros d’obligations par mois. Dans un contexte où les États européens vont devoir lever des montants astronomiques, va contribuer à faire grimper les taux longs, dans le cadre d’un retrait progressif du marché. De plus, les marchés estiment que l’objectif va s’accroître progressivement dès le mois de juillet. Ils cherchent par ailleurs des propos de Christine Lagarde qui pourraient confirmer cette hypothèse.
Un QT plus important pourrait ainsi rendre moins indispensable de fortes hausses des taux. Par ailleurs, les économistes interrogés par Bloomberg tablent maintenant en moyenne sur un taux terminal à 3,75% pour la facilité de dépôt.