Exit la «garantie jeunes», bonjour le «revenu d’engagement».
Emmanuel Macron a annoncé lors de son allocution télévisée lundi 12 juillet 2021, l’extension de la Garantie jeunes, rebaptisée « revenu d’engagement ». Le dispositif actuel de la Garantie Jeunes s'adresse déjà aux jeunes de 16 à 25 ans qui ne sont « ni en emploi, ni en études, ni en formation » ( les « NEET ») et prévoit une allocation mensuelle d’un montant maximum de 497 euros. En contrepartie, les bénéficiaires s’engagent à suivre un parcours d’insertion intensif en mission locale d’une durée de douze mois pouvant être prolongé de six mois sur décision d’une commission. Les missions locales aident gratuitement les jeunes âgés de 16 à 25 ans, dont une partie est sortie du système scolaire ou sans emploi, à s’insérer dans la vie professionnelle et sociale.
Aux tenants du RSA jeunes sans conditions, le gouvernement a toujours opposé une allocation contre un engagement à suivre en mission locale. L'objectif était que le jeune devienne acteur de son parcours d’insertion vers la formation ou l’emploi et non plus passif. La garantie jeunes est un dispositif efficace : plus de la moitié des jeunes accompagnés par les Missions Locales s’insèrent dans le monde professionnel grâce à cet accompagnement au bout de six mois. C’est pourquoi dans le cadre du plan « 1 jeune, 1 solution », le gouvernement a doublé le nombre de ses bénéficiaires, passant ainsi de 200 000 financements contre 100 000 l’année dernière. Pour cela, un nouveau décret, en date du 26 mai 2021 a assoupli les critères d'éligibilité en matière de non-imposition, de ressources et de durée des parcours d’insertion. Dans les changements introduits par cette réforme on trouvait notamment une évaluation plus souple des ressources prises en compte pour intégrer la Garantie Jeunes avec par exemple une dérogation d’admission possible pour les jeunes précaires dont les revenus dépassent au maximum de 30 % le montant défini par décret, lorsque leur situation le justifie. Cette réforme prévoyait également d’accroître la durée du parcours d’insertion, la passant à 18 mois contre 12 auparavant.
Même si elle a vu ses conditions assouplies au printemps, la Garantie jeunes reste un dispositif difficile d'accès pour les personnes les plus en galère et depuis longtemps. «Un des défis auxquels on est confrontés quand on veut accompagner chaque jeune en difficulté c'est aussi d’aller chercher ceux qui sont les plus éloignés de l'emploi et qui ne viennent pas spontanément dans les dispositifs» confiait à l'Étudiant
Elisabeth Borne la ministre du Travail le mardi 13 juillet 2021. «Comment trouver la bonne façon de ramener ceux qui ne sont pas forcément capables de franchir d'emblée la marche de l’exigence de la Garantie jeunes ?», s'interroge cette dernière. Selon Sandrine Aboubadra-Pauly, déléguée générale de l'Union nationale des Missions locales dans un entretien accordé aux « Echos», paru dans son édition du lundi 12 juillet 2021, «Le plan ‘’1 jeune, 1 solution’’ est venu amplifier la boîte à outil même si ça n'a pas été suffisant pour résoudre toutes les problématiques» précise-t-elle. En cause notamment, certains secteurs d’activité totalement à l'arrêt en raison de la crise sanitaire compliquant ainsi l'accès à l'emploi des moins de 26 ans. Afin d'accroître le nombre de bénéficiaires et renforcer l'accompagnement des jeunes auprès des missions locales, depuis le début de l'année, le gouvernement planchait sur la Garantie jeunes universelle, qui aurait pu bénéficier cette fois à 1 million de jeunes. Finalement lundi soir, Emmanuel Macron. a annoncé qu’il présenterait à la rentrée, un nouveau dispositif spécifique destiné aux jeunes les plus précaires rebaptisé le « revenu d’engagement». Plus accessible, cette aide financière, dont les contours demeurent à l'heure actuelle assez flous, «concernera les jeunes sans emploi ou formation et sera fondée sur une logique de devoirs et de droits » a énoncé le locataire de l’Elysée lors de son allocution télévisée lundi soir dernier.
Cette nouvelle aide financière devra répondre à l’énorme défi qu’est l’accès à l’emploi chez les jeunes les plus précaires, celui que n’a pas réussi à relever la garantie jeunes sûrement trop peu accessible. Keyliance, spécialiste du rachat de crédit en Métropole et dans les DOM, vous informe sur ce nouveau dispositif de soutien aux jeunes précaires mis en place par le gouvernement.
Qui pourra en bénéficier ?
Une inconnue de taille est encore étrangement assez peu débattue : combien de jeunes seraient concernés par le dispositif ? Un rapport présenté récemment par l’Insee permet d’en savoir un peu plus. Au total au 1er janvier 2021, 11 millions 687 166 jeunes en France avaient entre 15 et 29 ans. Parmi eux, la très grande majorité occupe un emploi, est en formation professionnelle ou étudie. Cette partie ne pourra bénéficier de l’aide proposée par le gouvernement. Selon nos estimations, réalisées à partir des chiffres fournis par l’Insee, à cet âge environ 1,5 millions de jeunes, soit 12,9 %des 15-29 ans, ne sont ni en emploi, ni en études, ni en formation ; ils sont communément dénommés NEET (pour « neither in employment nor in education or training »). C’est ceux-là que cible le nouveau dispositif d'appui financier. Si leur point commun est de ne pas être en emploi, leur position sur le marché du travail peut être variée : 47 % des NEET sont au chômage au sens du bureau international du travail (BIT) c’est à dire, une personne âgée de 15 ans ou plus qui n’a pas travaillé la semaine de référence de l'enquête, qui est disponible dans les 15 jours pour travailler et a effectué, au cours des quatre dernières semaines, une démarche active de recherche d’emploi ou a trouvé un emploi qui commence dans les trois mois. 20 % sont des inactifs qui souhaitent travailler mais ne remplissent pas les critères de disponibilité ou de recherche d’emploi pour être considérés comme chômeurs et appartiennent donc au halo autour du chômage, enfin 33 % sont des inactifs qui déclarent ne pas souhaiter travailler, pour des raisons diverses (s’occuper d’enfants, problèmes de santé, etc.). Ce dispositif d’insertion viserait donc 1,5 millions de jeunes Français âgés de 16 à 25 ans (jusqu'à 30 ans pour les personnes handicapées).
Montant et conditions du revenu d’engagement ?
Le montant de l’allocation versée est de 497 € maximum par mois. Une des conditions pour pouvoir bénéficier de cette aide est que vos revenus ne dépassent pas 930 € par mois. Grande nouveauté : les revenus des parents ne sont plus pris en compte. Enfin ne peuvent prétendre à cette allocation, ni les étudiants ni les jeunes qui ont déjà un emploi. Suivant la « logique de devoirs et de droits » énoncée par le président lundi soir, les bénéficiaires du revenu d’engagement devront respecter plusieurs conditions tacites et notamment être actif dans leur recherche d’emplois. Concrètement, cela signifie qu’ils doivent s'engager en retour à suivre un parcours d’insertion auprès de leur mission locale, à faire des formations, mais aussi des stages en entreprise afin de préparer activement leur entrée sur le marché du travail. En cas de non-respect des engagements (abandon, absence d’implication...),l’aide financière sera interrompue.
Quelle est la durée du parcours d’accompagnement ?
La durée du parcours d’accompagnement pourra aller jusqu’à 18 mois, comme c’est actuellement le cas pour la Garantie jeunes depuis le décret du 26 mai 2021. Une initiative qui vient à point nommé alors que de plus en plus d’étudiants ayant pourtant obtenu leur licence avec succès se retrouvent sans Master à la rentrée et vont devoir revoir leurs ambitions. Les bonnes notes ne sont plus suffisantes pour obtenir une place, seuls les premiers de promotion peuvent poursuivre dans certains masters qui ont vu les demandent représenter plus de 8 à 12 fois les places disponibles en témoigne le hashtag #EtudiantsSansMaster, qui réunit les témoignages de ces étudiants déçus.
Comment obtenir le revenu d’engagement ?
Vous pensez faire partie de ces jeunes précaires ayant besoin d’un coup de pouce financier ? Si vous remplissez toutes les conditions citées ci-dessus, il vous faudra alors pousser la porte de la mission locale située près de chez vous. La liste complète des missions locales de l’hexagone est disponible sur leur site .Dans les missions locales, après un diagnostic permettant de comprendre votre situation, vos compétences et vos besoins, vous vous engagez à suivre l’accompagnement proposé et à accepter les propositions de formations, d'apprentissage ou de stages qui vous seront faites.