Depuis quelques mois, le logement neuf est touché par une crise assez sévère. Du moins, c’est le constat du pôle habitat de la Fédération Française du Bâtiment (FFB). Et pour faire face à la gravité de la situation, de nombreux professionnels de l’habitat tirent la sonnette d’alarme et appellent à la mise en place d’un « bouclier logement » pour les ménages.
Mais en quoi consiste cette crise ainsi que son bouclier ?
Toutes les régions sont touchées
En 2022, le marché de la maison individuelle en secteur diffus (soit hors lotissement, comme une zone rurale par exemple) a connu une très forte chute, avec des ventes qui s’écroulaient parfois de 31,3% sur un an, selon la Fédération Française du Bâtiment (FBF). Autrement dit, une « dégradation jamais observée auparavant chez les constructeurs, même suite à la crise des subprime de 2008 ». Pourtant, cette dégringolade fait suite à un regain des ventes de 22,1% en 2021, notamment à cause des conditions de prêt plus que favorables, ainsi que du dynamisme de l’offre bancaire. Malheureusement, ces conditions assez avantageuses ne sont plus à l’ordre du jour.
Lorsqu’on s’intéresse de plus près aux chiffres du dernier trimestre de l’année 2022, c’est encore plus dramatique : -38,2% de ventes sur ce secteur diffus, selon le pôle habitat. Ainsi, avec plus de 96 000 ventes brutes au compteur pour l’année dernière, il s’agit du « pire exercice des 16 dernières années » selon la FBF. Par ailleurs, l’effondrement des ventes à l’échelle nationale s’observe dans toutes les régions de France, sans exception. Seules les régions Corse et Provence-Alpes-Côte d’Azur connaissent une chute des ventes inférieures à 20%.
Les taux d’intérêts et les prix des matériaux ne cessent d’augmenter
Du côté des « logements neufs en individuel groupé » (soit les maisons en lotissement), le bilan n’est pas plus glorieux. En effet, alors qu’elles avaient augmenté de 10,5% en 2021, elles ont connu une chute drastique en 2022 avec -22,2% sur un an, et même -37% de ventes sur le dernier trimestre de l’année. Au total, avec seulement 6 100 ventes au cours de l’année 2022, l’habitat individuel groupé connaît son pire millésime des vingt dernières années.
En ce qui concerne les ventes d’appartements en immeubles neufs n’arrangent pas vraiment les choses. « Quant au logement collectif, les ventes aux particuliers se contractent de 14,1% sur 2022 et même de 30,4% au dernier trimestre (en glissement annuel) », explique le pôle habitat de la FBF.
Par ailleurs, la FBF explique ces chiffres grâce à plusieurs directions comme par exemple la flambée des coûts de matériaux de construction, notamment causée par l’explosion des prix des matériaux (bois, produits PVC, acier, aluminium, carrelage, menuiseries, tuiles…). À cela s’ajoute également une hausse drastique des taux d’intérêts (2,59% en moyenne au début de l’année 2023, contre 1,07% un an plus tôt). La réticence des établissements de crédit à accorder des emprunts est un critère à prendre en compte également. De plus, les ménages font également preuve d’une grande prudence lors de l’achat, notamment à cause du contexte inflationniste qui impacte en tout point le pouvoir d’achat des Français.
La mise en place d’un bouclier logement pour protéger les ménages
Afin de contrer cette crise de l’immobilier neuf, le pôle habitat de la FBF appelle à un « sursaut » car « le temps presse ». Toutefois, ce sursaut ne peut avoir lieu qu’à trois conditions :
- Les établissements de crédit doivent se remobiliser autour de la production de crédits immobiliers pour les particuliers
- Plus de transparence, plus d’anticipation et plus de tempérance dans l’évolution des prix des matériaux de construction
- Le gouvernement doit instaurer un « bouclier logement » pour les ménages, tout comme le bouclier énergie
Ainsi, le concept de « bouclier logement » repose sur cinq piliers selon la FBF, que sont la prolongation du prêt à taux zéro (PTZ) jusqu’à la fin de l’année 2024, son rétablissement à 40% sans discrimination territoriale, ainsi que le rehaussement de 25% des plafonds d’opérations pris en compte pour son calcul. Dans cette lancée, le pôle habitat FBF estime qu’il est nécessaire d’instaurer un crédit d’impôt équivalent à 15% du montant à rembourser lors des cinq premières années de l’emprunt immobilier, afin de compenser l’impact de la réglementation environnementale 2020.