La Réserve fédérale américaine pourrait et devrait bientôt mettre fin à ses hausses de taux, suivie par un grand nombre de grandes banques centrales. Toutefois, confrontée à une inflation persistante, la Banque Centrale Européenne (BCE) pourrait bien se retrouver seule à devoir continuer de donner des tours de vis.
Mais alors, quelles sont les évolutions à observer pour les banques centrales ?
Vers la fin du cycle de resserrement monétaire ?
Les futures hausses des taux qui ont été décidées au préalable par la plupart des grandes banques centrales devraient marquer la fin du cycle de resserrement monétaire, connu comme étant le plus rapide et le plus brutal depuis les années 1980. Par ailleurs, les économistes de Bloomberg estiment que le taux directeur moyen devrait atteindre son pic cet été, soit 6% avant de redescendre significativement d’ici à l’année prochaine.
Néanmoins, certains des instituts monétaires se sont déjà mis en pause. C’est par exemple le cas de la Banque du Canada qui a annoncé depuis plusieurs semaines qu’elle compte maintenir son taux directeur à 4,5%. Ou encore de quelques banques centrales asiatiques, dont la Reserve Bank of India qui a laissé entendre qu’elle maintiendrait le loyer de l’argent à 6,5% pour une longue période.
Une dernière hausse pour la Fed
La décision la plus attendue est celle de la Réserve fédérale américaine (Fed), qui se réunira dans trois semaines pour augmenter les taux d'un quart de point, ce qui fixera les « Fed funds rates » entre 5 % et 5,25 %. Cette hausse devrait être la dernière, car les effets de la politique de la Fed commencent à se faire sentir dans l'économie. Les chiffres de l'emploi américain publiés vendredi montrent que la dynamique reste forte, mais sans provoquer de pression significative sur les salaires.
De plus, la crise bancaire liée à la faillite des banques régionales a resserré les conditions de financement, réduisant ainsi les besoins d'un durcissement supplémentaire de la politique de la banque centrale. Les marchés prévoient que le taux terminal de la Fed se situera plutôt autour de la borne basse, entre 5 % et 5,1 %.
Une baisse des taux à observer
Si la Réserve fédérale américaine annonce la fin de sa politique de hausse de taux, cela marquera la fin du resserrement monétaire dans le monde entier. La grande majorité des autres banques centrales devraient suivre l'exemple, notamment celles des économies émergentes. Pour certains, comme les banques centrales indonésiennes ou brésiliennes, cela pourrait même signifier une baisse des taux directeurs dès le quatrième trimestre. Cependant, la Banque centrale européenne ne devrait pas se joindre à cette tendance à la fin du cycle. En effet, l'inflation reste trop élevée pour permettre une détente monétaire.
L’inflation reste trop forte en Europe
Bien que la hausse des prix ait ralenti plus rapidement que prévu, l'inflation sous-jacente (qui exclut l'énergie et l'alimentation) a continué à augmenter en mars, atteignant 5,7 % après 5,6 % en février, et devrait continuer à augmenter pour atteindre 6 % en juillet.
Par conséquent, les marchés ont révisé à la hausse leurs prévisions de remontée des taux. Alors qu'ils envisageaient auparavant que la Banque Centrale Européenne (BCE) s'arrête à un taux de dépôt de 3,5 % (contre 3 % actuellement), ils prévoient désormais un taux terminal de 3,75 %. Cela signifierait que la BCE augmenterait ses taux d'un quart de point lors de ses réunions de mai, juin et juillet.
Les déclarations récentes de certains membres du Conseil des gouverneurs, qui pensaient que l'institution de Francfort avait atteint la limite de son action sur les taux, semblent avoir été hâtives. Sans grande surprise, les faucons de la BCE, les banquiers centraux qui prônent une lutte implacable contre l'inflation, ont déjà commencé à pousser dans ce sens.
Le resserrement continue
Vendredi dernier, Klaas Knot, président de la Banque des Pays-Bas, a déclaré que l'inflation proche de 6 % ne pourrait pas être combattue avec un taux de 3 %, ajoutant que le resserrement monétaire de la BCE n'était pas encore terminé. Pablo Hernandez de Cos, gouverneur plus modéré de la Banque d'Espagne, a partiellement partagé cet avis, affirmant lundi que s'il se confirmait, il resterait encore beaucoup à faire pour atténuer les pressions inflationnistes.
Bien que la BCE procède à sa dernière hausse de taux en juillet, elle ne suivra pas nécessairement la Réserve fédérale en termes d'évolution économique. Selon les analystes de chez RBC BlueBay AM, bien que certains espèrent une à deux baisses de taux aux États-Unis à la fin de l'année, la perspective d'une première baisse en zone euro au cours des douze prochains mois est assez improbable.
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