En relevant ses taux directeurs de 75 points de base, la Banque Centrale Européenne frappe fort, les passant ainsi à leur plus haut niveau depuis 2009. De plus, cette institution a également décidé de durcir les conditions des emprunts accordés aux établissements bancaires pendant la crise. Mais ce n’est pas tout ! Elle présentera également en décembre son bilan ainsi que ses propositions pour « dégonfler » son bilan.
La lutte de la BCE contre l’inflation
Bien que les mesures de la Banque Centrale Européenne soient extrêmement critiquées par les dirigeants politiques comme Emmanuel Macron par exemple, celle-ci est parvenu à rester stable dans sa ligne de conduite. Elle entame alors une guerre sans merci contre l’inflation, qui passe notamment par un resserrement de la vis quant aux taux. « La décision que nous prenons aujourd’hui est la plus appropriée pour rétablir la stabilité des prix qui, comme vous le savez, est d’une importance capitale pour la prospérité et la reprise de l’économie », se défend Christine Lagarde, présidente de la BCE.
La BCE resserre la vis sur les taux
Comme prévu et attendu sur les marchés, la BCE a remonté ses taux de 75 points de base. Ainsi, le taux de dépôt est passé à 1,5%, celui de la facilité de refinancement à 2% et celui de la facilité de prêt marginal à 2,25%. Depuis le mois de juillet 2022, les taux directeurs européens ont bondi de 200 points de base, enregistrant ainsi la plus forte progression jamais observée depuis la création de l’euro.
Les chiffres annoncés en septembre concernant une augmentation des prix, +9,9% sur douze mois, ne laissaient aucun doute sur la force et la volonté de la BCE de poursuivre la normalisation à marche forcée de sa politique monétaire. De plus, le récent assouplissement de la position d’autres banques centrales (comme la Banque du Canada qui n’a levé ses taux que de 50 points de base au lieu des 75 attendus) n’a pas impacté les gardiens de l’euro.
De nouvelles hausses à venir
Selon Christine Lagarde, il reste encore un long chemin à parcourir bien que la politique monétaire mise en place et menée par la Banque Centrale Européenne ait perdu une bonne partie de son caractère accommodant. Récemment, plusieurs banquiers centraux ont confirmé que le niveau neutre du taux de dépôt serait autour de 2% et qu’il faudrait aller bien au-dessus de celui-ci pour faire fléchir l’inflation. La présidente de la Banque Centrale affirme par ailleurs : « Les futures hausses de taux seront décidées réunion par réunion et dépendront des données à notre disposition ».
Ce discours assez négatif sur les ambitions économiques en zone euro est interprété par les marchés comme un élément qui pourrait pousser la BCE à réduire l’ampleur de ses nouvelles mesures.
Les conditions de financement revues à la hausse
Comme c’était prévisible, la Banque Centrale Européenne a également décidé de s’intéresser de près aux conditions de financement très avantageuses qui sont accordées aux établissements bancaires depuis la crise sanitaire du Covid-19. Selon certaines conditions, ces emprunts étaient assortis d’un taux d’intérêt inférieur au taux de dépôt et qui se situe en territoire négatif. La BCE va augmenter le coût des TLTRO (opérations de refinancement) dans le but d’inciter les banques à les rembourser par anticipation. L’objectif de cette mesure est alors de réduire la liquidité excédentaire sur les marchés, qui augmente les pressions inflationnistes, mais aussi de commencer à dégonfler le bilan de la Banque Centrale.
Parallèlement, la BCE va également réduire la rémunération des réserves obligatoires, autrement dit les montants que les banques doivent réglementairement déposer à la BCE. Dorénavant, c’est le taux de dépôt qui s’appliquera (1,5%) et non le taux de refinancement (2%). Il s’agit là d’une bonne façon de diminuer la facture de la hausse des taux pour la BCE.
Le dégonflement de son bilan
Pour la Banque Centrale Européenne, la prochaine étape concerne le dégonflement de son bilan. En effet, celui-ci a quasiment triplé depuis 2015 et atteint près de 9 000 milliards d’euros sous l’effet des programmes d’achats massifs d’obligations mis en place dans le but de soutenir l’économie. Par ailleurs, la Fed (Federal Reserve) a déjà commencé à réduire le sien, notamment en ne réinvestissant plus intégralement les montants issus des remboursements des titres de son portefeuille arrivés à terme.
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