D'après les récentes statistiques de Crédit Logement CSA, le taux moyen des crédits a franchi la barre des 3 % en mars, atteignant ainsi son niveau le plus élevé depuis 2014. À la mi-avril, ce taux s'est établi à 3,12 %. Cette augmentation affecte la capacité financière des ménages, sans pour autant offrir de véritables avantages aux banques.
Dépassement du seuil des 3%
Pour la première fois depuis 2014, le seuil des 3% a été dépassé. Selon les derniers chiffres de L'Observatoire Crédit Logement CSA, le taux moyen des crédits immobiliers en mars était de 3,04%, atteignant même temporairement 3,12% mi-avril. L'organisme de caution rapporte que pour les prêts sur 20 ans, les trois quarts des emprunteurs ont franchi la barrière des 3%. Sur des prêts de 25 ans, les taux peuvent atteindre 3,65%.
Depuis le début de l'année, le taux moyen a augmenté de 23 points de base par mois, ce qui inquiète Cécile Roquelaure, directrice des études du courtier Empruntis : « Les taux de crédit augmentent à nouveau de manière significative ce mois-ci, un sujet qui revient depuis 15 mois ».
Une augmentation qui ne passe pas très bien
Les chiffres de Crédit Logement CSA présentent un taux moyen différent des estimations initiales de la Banque de France en mars, qui se situait à 2,52 %. Les publications de la banque centrale s'appuient sur les données fournies par toutes les banques, tandis que celles de l'organisme de caution se basent principalement sur les banques commerciales, qui sont ensuite ajustées pour refléter l'ensemble du marché.
Toutefois, la hausse des taux est difficile à supporter pour les emprunteurs, car leur solvabilité diminue. De plus, l'allongement des durées d'emprunt, qui avait permis de compenser les chocs passés, atteint un plafond à 245 mois selon l'organisme de caution, ce qui est une mauvaise nouvelle selon l'économiste Michel Mouillart chargé de l'Observatoire. La hausse des taux pousse ainsi les ménages à revoir leurs projets, et selon le dernier baromètre du groupe BPCE, plus de 70 % des personnes ayant un projet immobilier ont dû renoncer, reporter ou modifier leur projet en raison de la hausse des taux.
Par conséquent, les emprunteurs doivent souvent se tourner vers des biens moins chers ou moins bien situés. De plus, 10 % des emprunteurs ont avancé leur projet de peur de la remontée des taux. Alain Tourdjman, directeur des études économiques et de la prospective du groupe BPCE, commente que la hausse des taux est considérée comme réellement handicapante pour les ménages, et les vendeurs étant encore réticents à baisser leurs prix, la production de crédit immobilier continue de diminuer.
Vers un blocage du prêt immobilier ?
Selon les données de Crédit Logement CSA, le nombre de prêts a chuté de 40,6 % au premier trimestre 2023 par rapport à la même période l'année précédente. Ces chiffres sont encore plus dramatiques que ceux rapportés par la Banque de France, mais il convient de les relativiser car le début de 2022 était une période exceptionnelle pour le crédit immobilier. Alain Tourdjman affirme que le marché n'est pas bloqué malgré la forte baisse de la production, qui devrait se situer plutôt autour de 20 % à 25 % sur l'année.
Cécile Roquelaure d'Empruntis explique que la reprise tant attendue avant l'été n'a pas encore eu lieu et que pour l'instant, aucun signe positif n'est visible. Les hausses de taux pratiquées par les banques, combinées à l'augmentation de leurs coûts de refinancement, les empêchent de retrouver leurs marges. En effet, les banques ne sont jamais très loin du taux d'usure, plafonné à 4,24 % tous frais compris depuis le 1er avril, et cela ne suffit pas à redresser la profitabilité des nouveaux crédits, selon Crédit Logement CSA.
Les banquiers et les courtiers souhaiteraient voir les critères d'octroi de crédit du Haut Conseil de Stabilité Financière (HCSF) s'assouplir afin de desserrer les contraintes sur certains emprunteurs, comme les investisseurs locatifs. Bercy est favorable à cette idée, mais la Banque de France s'y oppose. Le résultat de cette discussion sera connu après la prochaine réunion du HCSF, qui aura lieu le 13 juin. En attendant, certains estiment que même si les taux d'intérêt sont en hausse, il vaut mieux obtenir un crédit légèrement plus cher que ne pas obtenir de crédit du tout.