Quel que soit le côté de l’Atlantique, vous êtes forcément concerné par l’augmentation des taux liés au crédit immobilier. Celle-ci n’est pas anodine et entraîne un mouvement d’inquiétude et de panique auprès des ménages, déjà en pleine lutte contre l’inflation. Dans ce contexte de crise, les banques se préparent elles-aussi à davantage d’impayés, mais aussi à un ralentissement de la production des crédits.
L’actualité des taux du crédit immobilier dans le monde
Partout dans le monde, la hausse des taux du crédit immobilier s’enflamme. Les banques centrales tentent alors de ralentir l’inflation, à défaut de voir les coûts de l’emprunt immobilier s’envoler pour les ménages déjà en difficulté. Si en France les taux tournent autour de 2%, faisant partie des taux les plus bas de la zone euro, cette jauge dépasse les 7% aux États-Unis.
Selon les pays ainsi que les types d’emprunts, le sujet pourrait être davantage inquiétant. Cependant, celui-ci reste naturellement ultrasensible pour les particuliers qui ont eu beaucoup de fois recours au crédit ces dernières années, tout en profitant des taux anormalement bas pour se loger.
Les autorités supérieures mettent en place un bouclier
En ce qui concerne la zone euro, l’inflation mais aussi la flambée des prix du gaz et de l’électricité touchent les ménages de plein fouet, réduisant ainsi leur pouvoir d’achat et diminuant potentiellement leur capacité à rembourser leurs emprunts, assure la Banque Centrale Européenne (BCE) dans sa revue de stabilité financière. Les ménages à faibles revenus sont particulièrement touchés puisqu’ils consacrent une part de leurs dépenses à l’énergie et à l’alimentation.
Cet avertissement de la BCE renvoie à celui précédemment lancé par le Fonds Monétaire International (FMI) qui « observe une augmentation des risques sur les marchés immobiliers en raison de la hausse des taux hypothécaires et du resserrement des normes de prêt ». Dans ce contexte de crise où les taux ne cessent d’augmenter et où les prix de l’immobilier ne coïncident pas, les autorités supérieures mettent une place des protections pour pouvoir continuer à prêter, même en cas de retournement économique.
Dans les établissements bancaires, la prudence est de mise. En effet, en France les résultats trimestriels du secteur bancaire ont été marqués par une flambée des provisions, originellement destinées à couvrir les éventuels impayés. Le danger semble encore loin, mais la prudence reste de mise.
Taux fixes ou taux variables
Laurent Mignon, président du directoire de BPCE, soulignait : « le crédit à taux fixe est un véritable atout pour les clients : il n’y a pas de risque pour eux de se retrouver en situation délicate, car les échéances des prêts ne vont pas changer ». Cependant, des signes d’inquiétude apparaissent : si le nombre de dossiers de surendettement reste stable, celui des nouvelles inscriptions sur le Fichier des Incidents de remboursement des Crédits aux Particuliers (FICP) connaît une augmentation de 23% en octobre, par rapport au même mois en 2021, selon les chiffres publiés par la Banque de France.
Dans les pays qui ont plus facilement recours aux taux variables, aux prêts indexés sur la valeur du bien et à des amortisseurs sociaux moins présents, la situation reste plus volatile. C’est notamment le cas en Espagne, au Royaume-Uni ou encore aux États-Unis.
Le bilan du marché immobilier
En Europe, le marché commence déjà à se tendre. Par ailleurs, la Banque Centrale Européenne révèle dans sa dernière enquête sur la distribution du crédit bancaire dans la zone euro : « Au quatrième trimestre 2022, les banques s’attendent à un resserrement de leurs conditions d’octroi aux ménages. De plus, elles s’attendent à un fort ralentissement de la demande de prêts à l’habitat ».
Par ailleurs, ce ralentissement va peser sur les revenus des établissements bancaires, tout en engendrant un cycle de baisse des prix dans l’immobilier ancien. Par conséquent, leur bilan pourra s’essouffler. Dans l’Union Européenne, les banques ont fait état de plus de 4 100 milliards d’euros de prêts et d’avances gagées sur des biens immobiliers. En cas de saisie de bien ou de recouvrement, la banque peut alors avoir à liquider les biens immobiliers à prix cassés. C’est par ailleurs le scénario catastrophe entrepris par les banques américaines et espagnoles lors de la crise financière de 2008.