Il y a quelques jours, le gouvernement a abattu toutes ses cartes concernant les retraites. Et bien que l’âge légal du départ soit décalé à deux ans, même pour les régimes spéciaux, de nombreuses mesures ont été appliquées pour vous aider à appréhender avec plus de facilité cette nouvelle réforme des retraites.
Il est donc l’heure de faire un état des lieux pour anticiper au mieux son départ en retraite.
Anticiper son passage à la retraite avec le rachat de crédits
Avant même de connaître les différentes mesures de la réforme des retraites, il faut pouvoir anticiper son passage à la retraite, principalement financièrement. En effet, on estime qu’une fois cette étape passée, on peut perdre jusqu’à 30% de ses revenus. Il peut donc être difficile d’envisager de nouveaux projets comme l’achat d’un bien immobilier ou un voyage par exemple. Pour vous aider à envisager au mieux votre retraite, vous pouvez vous tourner vers la solution du rachat de crédit. Celui-ci vous permettra de réunir l’ensemble de vos prêts en cours et de profiter d’une éventuelle trésorerie supplémentaire pour financer un nouveau projet. En regroupant vos crédits, vous pourrez profiter de mensualités abordables et d’un reste à vivre plus important.
Pour en savoir plus sur le rachat de crédit après la retraite, consultez notre article dédié.
L’âge légal passe de 62 à 64 ans
Après avoir affirmé de nouveau le passage de l’âge légal du départ en retraite de 62 à 64 ans, changement énoncé par Emmanuel Macron durant sa campagne présidentielle, le gouvernement a décidé d’opter pour un report de deux ans au lieu de trois. Par ailleurs, celle-ci se fera au rythme de 3 mois par génération à partir du 1er septembre 2023. Ainsi, l’âge de départ sera fixé à 63 ans et 3 mois en 2027, année de la fin du quinquennat. Par ailleurs, il atteindra 64 ans en 2030. Cet âge légal s’appliquera donc aux personnes nées en 1968.
Possibilité de départ anticipé pour les carrières longues
Afin de conforter le dispositif des carrières longues, le gouvernement veut pouvoir proposer un départ anticipé à la retraite pour environ un Français sur cinq, avec comme motif qu’il a commencé à travailler tôt.
Plus précisément, celui-ci ajoute un nouveau seuil d’âge pour pouvoir bénéficier du dispositif. Ainsi, les personnes qui ont commencé à travailler avant 18 ans pourront partir jusqu’à quatre ans avant l’âge légal et donc dès 60 ans, à la condition d’avoir cotisé pendant 44 ans. Aujourd’hui c’est possible, mais seulement pour ceux qui ont commencé avant 16 ans, et ça ne concerne qu’un nombre restreint de personnes. Ainsi, les personnes qui ont commencé avant 16 ans pourront partir à la retraite dès l’âge de 58 ans.
Notez également que les femmes ayant été en congé parental pourront s’en prévaloir pour profiter du système des carrières longues. Ainsi, elles pourront valider jusqu’à quatre trimestres. Cet assouplissement devrait par ailleurs permettre à 3 000 femmes de partir plus tôt à la retraite.
Le minimum de pension ne pourra être inférieur à 85% du SMIC
Selon Elisabeth Borne : « Une vie de travail doit garantir une retraite digne ». Ainsi et désormais, le minimum de pension pour les personnes ayant effectué une carrière complète au SMIC ne pourra plus être inférieur à 85% du SMIC net, soit environ 1200 euros brut par mois. Par la suite, le minimum de pension sera indexé par l’inflation.
La revalorisation du minimum de pension profitera aux femmes et aux indépendants qui représentent aujourd’hui 60% de ceux qui partent en retraite avec une pension minimum. Notez également que les femmes pourront dorénavant tenir compte de leur période de congé parental pour pouvoir en profiter.
Initialement mise en place pour les futurs retraités, la revalorisation sera étendue au « stock » des retraités actuels dans le projet de loi présenté en Conseil des ministres a indiqué le gouvernement il y a quelques jours.
La durée de cotisations portée à 43 ans
Une autre mesure désormais appliquée concerne la durée des cotisations. En effet, la durée d’assurance requise pour bénéficier d’une retraite à taux plein va augmenter plus vite que prévu. Par ailleurs, la loi Touraine de 2014 prévoyait de faire passer cette durée d’assurance de 42 à 43 ans (soit 172 trimestres) d’ici à 2035. Par ailleurs, cette transition sera accélérée dès septembre à compter d’un trimestre par génération. Ainsi, il faudra avoir travaillé 43 ans dès 2027.
Toutefois, les personnes qui n’ont pas atteint ce seuil de 43 ans pourront tout de même bénéficier d’une retraite à taux plein, en partant à 67 ans, puisque l’âge d’annulation de la décoté reste inchangé.
La pénibilité mieux prise en compte
Le compte pénibilité, également connu sous le nom de compte professionnel de prévention, sera prochainement assoupli pour bénéficier à plus de 60 000 personnes supplémentaires selon le gouvernement. Depuis sa mise en place, celui-ci a concerné près de 1,9 million de personnes, mais il a été utilisé par moins de 12 000 personnes.
Les travailleurs effectuant des métiers pénibles pourront ainsi acquérir plus rapidement des points sur ce compte pénibilité (C2P), notamment quelles sont exposés à certains facteurs de pénibilité en même temps. Ces points ne permettent plus seulement d’obtenir une formation, un départ anticipé ou un temps partiel, mais également un « congé de reconversion » qui permettra de changer de métier beaucoup plus facilement.
Par ailleurs, les différentes branches professionnelles devront identifier les métiers où il faut supporter des postures pénibles, porter des charges lourdes ou encore de fortes vibrations afin de pouvoir financer des actions de prévention et de reconversion grâce à un « fonds d’investissement dans la prévention de l’usure professionnelle », doté de 1 milliard d’euro sur le quinquennat.
Les travailleurs qui en sont concernés devront faire l’objet d’un suivi médical renforcé après l’âge de 45 ans, par les médecins du travail. Ainsi, ils pourront se voir proposer, le cas échéant, un aménagement du poste et du temps de travail. À 61 ans, les salariés les plus exposés à l’usure professionnelle auront une visite médicale de fin de carrière obligatoire. Dans le cas où ils seraient jugés inaptes à travailler, ils pourront profiter d’un départ à la retraite anticipé à taux plein à 62 ans.
Préservation des personnes invalides ou en situation d’inaptitude
Comme c’est le cas actuellement, les personnes en situation d’invalidité ou d’inaptitude pourront partir à la retraite à taux plein dès 62 ans, même si elles n’ont pas encore récolté le nombre de trimestres nécessaires. Par ailleurs, ces personnes n’avaient pas été épargnées par le relèvement de l’âge lors de la réforme de 2010, précise le gouvernement. Ainsi, les travailleurs handicapés pourront toujours partir à 55 ans, et avec des conditions plus avantageuses et simplifiées. De plus, les victimes d’un accident de travail ou d’une maladie professionnelle pourront également partir à la retraite deux ans avant l’âge légal. Par ailleurs, la durée d’exposition à des facteurs de pénibilité pour bénéficier de ces conditions de départ anticipé sera réduite de 17 à 5 ans. Enfin, les travailleurs exposés à l’amiante pourront également partir dès 50 ans.
Renforcement des droits à la retraite des indépendants
Mesure supplémentaire dans cette réforme des retraites : le gouvernement s’engage d’ici au prochain budget de la Sécurité Sociale à revoir le mode de calcul des cotisations sociales des travailleurs indépendants. Ainsi, l’objectif est que les prélèvements de ces professionnels soient « rendus plus prévisibles et plus équitables » au regard de la création des droits à la retraite.
Index pour favoriser l’emploi des seniors
Les entreprises qui ont plus de 300 salariés vont devoir publier un indicateur, aussi appelé index, afin de mettre en lumière le sort réservé aux salariés en fin de carrière. Celui-ci prend exemple sur celui qui avait été imposé en 2019 concernant l’égalité salariale entre les femmes et les hommes. Par ailleurs, Elisabeth Borne promet que « cet index sera simple et public pour identifier les bonnes pratiques et dénoncer les mauvaises ». Son contenu exact sera défini par le billet d’une négociation interprofessionnelle. Il devra obligatoirement être publié par les entreprises de plus de 1000 salariés dès 2023, et dès 2024 pour les entreprises de plus de 300 salariés.
Assouplissement du cumul emploi-retraite et de la retraite progressive
Les personnes retraitées qui reprennent une activité pourront acquérir des droits et ainsi augmenter leur pension. Le système de retraite progressive, qui permet entre autres de travailler à temps partiel à partir de 60 ans et donc de compléter son revenu avec une fraction de sa pension, sera assoupli. De plus, il sera étendu de façon « strictement identique » à la fonction publique, mais s’appliquera à partir de 62 ans et non 60.
L’extinction progressive de certains régimes spéciaux
Pour terminer, les bénéficiaires de certains régimes spéciaux comme par exemple le personnel de la SNCF, de la RATP ou de certaines industries électriques et gazières, sont nombreux à partir à la retraite avant 62 ans, notamment entre 52 et 57 ans. Toutefois, ils verront eux-aussi comme les autres Français leur âge de départ à la retraite décalé de deux ans. Cependant, cette réforme sera appliquée avec un calendrier décalé, en 2025.
De plus, le gouvernement a également exclu de modifier l’âge d’annulation de la décote pour ces régimes. Ainsi, ils seront appelés à disparaître très progressivement, les nouveaux entrants ne pouvant plus bénéficier de leurs avantages en matière de retraite à partir du 1er septembre 2023. Ces nouveaux entrants seront donc affiliés au régime général. Les nouvelles dispositions ne s’appliqueront pas au régime des marins pêcheurs, de l’Opéra de Paris ou de la Comédie Française, ni aux régimes des professions libérales et des avocats.